La Baie indissociable de ses bassins versants
Tout comme la Sée, la Sélune et les petits fleuves côtiers de Granville ou des marais de Dol, le Couesnon termine sa course dans la Baie du Mont-Saint-Michel. Dotée d’une richesse biologique inestimable, la baie du Mont-Saint-Michel est un écosystème fragile dont le bon fonctionnement dépend grandement de la quantité et la qualité de l’eau douce arrivant des rivières. La qualité de cette eau va également influencer les nombreuses activités humaines présentes dans la baie : conchyliculture, pêche, élevage, tourisme …
Les enjeux globaux liés à l’eau et aux milieux aquatiques aujourd’hui et demain
La baie du mont Saint Michel est sous le coup de nombreuses réglementations dans le domaine de l’environnement en particulier : Directive cadre sur l’Eau, Directive Cadre Stratégique pour le Milieu Marin, Directives Oiseaux et Habitats (Natura 2000), Directive Inondation.
Elle présente par ailleurs des caractéristiques très particulières qui la rendent vulnérables au changement climatique : un estuaire hypertidal, c’est-à-dire avec une amplitude marée exceptionnelle (marnage de 15m. en vives eaux exceptionnelles), une topographie relativement plane et des fonds marins de faible profondeur.
Demandé par les élus de l’Inter-SAGE de la baie du Mont Saint Michel, un premier travail de recensement des enjeux actuels et futurs vus par les scientifiques travaillant en baie du Mont Saint Michel a été produit en 2021. Vous pouvez le télécharger en bas de cette page (2021-10-15_CBMSM_presentation).
L’envahissement des herbus par le chiendent
L’envahissement des herbus de la baie par le Chiendent maritime (herbacée) au détriment des espèces autochtones (Obione, Puccinellie, Fétuque …) constitue une perte de spécificité significative pour les marais salés et va entrainer :
- Une augmentation de la sédimentation, accélérant l’exhaussement des marais salés et une submersion à terme moins fréquente
- Une diminution de l’exportation d’une matière organique de bonne qualité facilement intégrable dans les chaînes trophiques marines, malgré une augmentation globale de la production primaire des marais salés
- Une diminution de la fonction de nourricerie pour les juvéniles de poissons, en particulier le Bar, du fait d’une diminution de la densité et de l’accessibilité de leur proie préférentielle, le crustacé amphipode Orchestia gammarella
- Une diminution de la fonction d’accueil pour l’alimentation des Anatidés herbivores en hivernage (Bernache cravant à ventre sombre, Canard siffleur, Sarcelle d’hiver) du fait de la réduction des surfaces en Puccinellie
- Une augmentation ou une diminution de l’accueil des passereaux selon les espèces considérées : en période de reproduction, le chiendent est, par exemple, favorable à la Caille des blés mais défavorable à l’Alouette des champs
- Une diminution des surfaces pâturables (composées essentiellement de Puccinellie maritime) risquant de compromettre l’activité pastorale ovine pour la production d’agneaux de prés salés.
- Une réduction de l’exportation vers les eaux côtières de la matière organique produite par les marais salés pouvant conduire, sur le long terme, à une réduction des productions conchylicoles de la baie.
Si l’envahissement du chiendent est sans doute accéléré par un sous pâturage dû à la disparition progressive de l’élevage ovin dans les herbus, les derniers travaux scientifiques indiquent que ce développement est surtout lié aux excès de nitrates arrivant des rivières. Il reste cependant à connaitre la contribution de chaque rivière à cette eutrophisation.
La contamination des productions conchylicoles
Avec 4500 tonnes d’huîtres et 10000 tonnes de moules produites chaque année, les activités professionnelles ostréicoles et mytilicoles sont très importantes en baie du Mont-Saint-Michel. La pêche à pied, longtemps professionnelle, est aujourd’hui aussi devenue une activité de loisir. Ici aussi les activités terrestres peuvent avoir des répercussions néfastes. La contamination bactériologique des coquillages est principalement liée à la pollution des eaux littorales par des bactéries d’origine humaine ou animale provenant des terres. Qu’elles proviennent des épandages agricoles, des systèmes d’assainissement collectifs ou autonomes défectueux ou de la surverse des déversoirs d’orage dans le réseau d’eaux usées (ce qui diminue les rendements de traitement), les contaminations bactériennes impactent les procédures de production pour la conchyliculture ou tout simplement la possibilité de pêcher à pied. Les coquillages, qui filtrent l’eau de mer pour se nourrir de phytoplancton, accumulent et concentrent les bactéries et peuvent ainsi devenir impropres à la consommation humaine.
Une étude de profils de vulnérabilité des zones conchylicoles et des zones de pêche à pied a été réalisée par l’Inter-SAGE de la Baie du Mont-Saint-Michel. Les résultats de 2020 mettent en évidence des contributions multiples et variables dans le temps en fonction des conditions hydrologiques, météorologiques et océaniques. Les fuites venant des réseaux d’assainissement collectifs sont les sources les plus contributrices dans le risque de contamination bactérienne des coquillages. Tous les cours d’eau de la Baie ont un impact qui varie en fonction de la houle et du vent.
L’étude propose plusieurs actions qui seraient à mener sur une bande de 15 km du littoral. Vous pouvez télécharger le rapport en bas de cette page.
Documents
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2021 – Etude Profils conchylicoles BMSM Partie 1 Contexte
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2021 – Etude Profils conchylicoles BMSM Partie 2 Dispersion en Baie
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2021 – Etude Profils conchylicoles BMSM Partie 2 Les sources
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2021 – Etude Profils conchylicoles BMSM Partie 3 Campagnes de mesures
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2021 – Etude Profils conchylicoles BMSM Partie 5a Programme d’actions
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2021 – Etude Profils conchylicoles BMSM Partie 5b Fiches Actions
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2021-10-15_CBMSM_presentation_enjeux baie_MSM